La rue s’appelle Reste fidèle
Article mis en ligne le 15 février 2021
dernière modification le 7 février 2021

par Robert Froger

Sous la pluie...

Es-tu encore, affligée, à l’automne,
Devant des vitres où brumes moutonnent ?
Vas-tu, seule encore, en ce parc errant,
Te laissant aller, feuille morte, au vent...

Es-tu assise, encor, sous ta lampe poussive,
Pour ta poubelle, écris-tu de longues missives ?
Entends-tu, comme moi, lorsqu’on parle, au-dehors,
En espérant, toujours, que l’on t’appelle, encor –

Nul son. La pluie goutte des rebords de fenêtres.
Quant à moi, je me sens si esseulée.
J’aimerais dans la peau d’ma tortue d’eau renaître
Et m’laisser en profonde hibernation couler.

La rue s’appelle Reste fidèle
& autres poèmes

Mascha Kaléko
Édition bilingue traduite et présentée par Jean-Marc Couvé
Collection Le Tire-langue
À L’INDEX, 2020
ISBN 978-2-35328-203-6
15,00 €

Jean-Marc Couvé nous propose une traduction, en édition bilingue, d’un choix de textes de Mascha Kaléko, auteure née en 1907 en Galicie, partie avec sa famille en Allemagne. Elle s’exilera, en 1938, aux États-Unis pour fuir le régime nazi. Plus tard, en 1959, elle partira vivre en Israël.
"Traduire, nous dit Jean-Marc Couvé, c’est rentrer en résonnance avec celle ou celui que l’on se propose de faire découvrir à ses congénères curieux d’autrui."
Ce choix de textes, extraits des œuvres complètes de l’auteure, nous propose un bestiaire, une suite d’épigrammes, des poèmes sur la relation à l’autre, les souvenirs...
La poésie de Mascha Kaléko (se) joue de la nostalgie en fréquentant la désillusion et l’humour.

Mon plus beau poème ?
Je ne l’écrivis point.
De mon profond fin fond, il vint.
Je le retins.

Robert Froger