Dans ma maison
Article mis en ligne le 8 avril 2014
dernière modification le 27 octobre 2014

Malgré les apparences
ma maison est un moulin

on y entre comme ça
et on en ressort moulu

par les cris des enfants
et le poids des années


Simon Martin

Dans ma maison
Simon Martin
Images de Jacques Bibonne
Cheyne éditeur
Coll. Poèmes pour grandir, 2013
ISBN 978-2-84116-188-1
15,00 €

Simon Martin nous invite dans "sa" maison, et nous guide pour la visite. Il campe les lieux, dépeint l’atmosphère, meuble l’espace pour nous. Nous entrons dans l’intimité d’un endroit où vivre et d’un homme. Dans ce mot simple (maison), cliquète un univers familier où se raconte une histoire . L’enfance se cache aussi dans les mots.

Dans ma maison

(Alain Boudet)

Dans la maison blanche,
Hannah ne marche pas, ne marche plus,
hormis dans le ciel
de nuage en nuage.


Claude Donnay

Chant pour un corps déserté

Chant pour un corps déserté
Claude Donnay
éditions l’Arbre à paroles, 2013
ISBN 978-2-87406-572-9
8,00 €

Cet ensemble de poèmes nous raconte une histoire. Celle de deux personnages, homme et fmme, aux noms symboliques : Abel (le souffle) et Hannah (la grâce). Ce choix n’est évidemment pas anodin, et il aimante l’écriture, tissant un récit avec les mots du poème, nourris de ce que vit ou a vécu l’auteur, sans doute, un peu. Deux vies que l’on accompagne, dans un lent voyage vers l’absence.

(Alain Boudet)

Les cris de Curitiba

On a toujours envie de s’ajouter
à un attroupement.

Quelqu’un parle
Quelqu’un montre

Quelqu’un répond aux questions
Quelqu’un donc se rajoute
Écoute

Et son opinio faite
S’en va plus loin

Entendre d’autres cris de Curitiba.


Jean Foucault

Cnquante-deux

Cinquante-deux
clics de Curitiba - vies croisées
édition bilingue français / Portugais
Editora Inverso, 2013
ISBN 978-85-62266-48-5 - 15,00€
Diffusion en France : Corps Puce

Jean Foucault est un infatigable observateur. Des choses, et tout particulièrement, des gens. Toujours en alerte, il collecte les impressions, attrape les images, guette l’insolite, accueille l’inattendu. Et de tout cela, il fait poème. Il bâtit une chronique poétique du monde proche dans l’instant, soulignant en tout l’humanité, cherchant à trouver, dans l’unique, l’universel. Il nous propose ici, en association, ses photographies prises sur le vif à Curitiba, ville du Brésil où il a séjourné une année, et les textes qui les accompagnent, en version bilingue.

(Alain Boudet)

Neige à peine éveillée

Sous un rayon de lune

Dardant innocemment sa langue


Hervé Delabarre

Les Hautes-Salles

Les Hautes-Salles
Hervé Delabarre
Éditions Clarisse, 2012
ISBN 978-2-912-852-39-7 - 10,00€

Deux ensembles dans ce recueil. Le premier, "Elle joue à naître" accueille des poèmes arrachés à l’enfance. Une femme, un passé, douloureux semble-t-il, où l’on pressent la blessure. Le second "Les Hautes-Salles" prend pour titre le nom d’une rue de Saint-Malo. Manière d’ancrer une histoire aux lieux de l’enfance. Une écriture où l’on ressent l’influence surréaliste.

(Alain Boudet)

La femme dégage la braise
brosse la paroi à l’eau claire
colle la pâte à pleine main
l’odeur se forme avec la mie

quand le pain est détaché
toi-même tu te retires

Philippe Fumery

Berbère

Berbère
Philippe Fumery
l’Arbre à paroles
collection P.O.M., 2013
ISBN 978-2-87505-569-9 - 6,00€

Ce "Berbère" nous introduit dans le sud marocain. Un pays où les maisons ont couleur de terre. Où les femmes portent sur la tête les branchages qui feront feu. Où l’homme, souvent, est pâtre. C’es là que nous sommes, dans ce compagnonnage, dans cette proximité, comme invités. On découvre, avec les mots, des paysages saisissants où nous accompagnons le berger et ses chèvres, en compagnie de la mule. Un quotidien que l’on partage dans l’intimité du village et les personnages de la rencontre et de l’accuei.

(Alain Boudet)

Une boutique de vente de miel
Au pied de l’araucária,
À l’entrée du jardin où il préside.
Je suppose que ce n’est pas du miel d’araucária.

Beaucoup trop haut
Pour que butinent les abeilles !
(…)


Jean Foucault

Hommage à l’araucaria

Hommage à l’araucária
Homenagem à l’araucária
JM editora, 2013
ISBN 978-85-8092-043-7 - 12,00 €
Diffusion en France : Corps Puce

Dans l’état du Paraná, au Brésil, l’araucária est un arbre à la silhouette familière. Difficile de ne pas s’intéresser à cet être souvent multicentenaire. Jean Foucault ne rate pas une occasion de faire image poétique de ce qu’il voit. Il nous livre ici en version bilingue quelques-uns des poèmes issus de ces rencontres multiples avec un arbre qui interroge, donne la mesure des choses, des êtres et du temps. Un arbre qui accueille, un arbre qui héberge. Un compagnon. La traduction en portugais est de Christine Foucault, brésilienne d’origine.

(Alain Boudet)

Il a sept ans et la main gauche collée sur son buvard chicorée Leroux. Il s’applique à écrire, à la plume sergent-major, la liste des sept pluriels qu’il s’efforcera de mémoriser ensuite : bijou, caillou, chou…
(…)
Je n’ai pas connu en classe ces leçons de choses. Mais j’ai eu son jardin du maître pour école.


Jean-Pierre Sautreau

Dans le jardin de mon père

Dans le jardin de mon père
Jean-Pierre Sautreau
Illustrations de Camélus
éditions Soc & Foc, 2013
ISBN 978-2-912360-85-4 - 12,00 €

L’écriture poétique et le jardinage sont activités fraternelles. Un long compagnonnage avec la matière - terre ou langage - , une exploration des possibles toujours ancrée au réel, une patience féconde et confiante, soumise aux incertitudes du temps. Jean-Pierre Sautreau a appris cela de son père, jardinier. Et il cultive avec bonheur les deux patiences d’homme de la terre et des mots. Un régal.

(Alain Boudet)

elle, finalement
unique et partout
impatiente de vivre nos vies
que la terre pétrit
que le feu étincelle
que le vent multiplie
et de faire de nous ses héros
dans le poème océan
qui l’entoure de tous côtés
et qu’elle porte en elle


Jacques Allemand

L’enfant multipliée

L’enfant multipliée
Jacques Allemand
Illustrations de Marianne Moisan-Allemand
éditions Soc & Foc, 2013
ISBN 978-2-912360-86-1 - 12,00 €

C’est une grande voyageuse, cette enfant. S’envolant sur le tremplin des livres et celui des images, avec l’album photo en guide de voyage, les pages comme autant de portes à franchir, pour parcourir la mer et les rues du village. Monsieur Jules Supervielle n’est pas loin avec son enfant de la haute mer et son bateau qui suit le cours de la rue. Un recueil poétique qui se lit comme une histoire, et nous emporte.

(Alain Boudet)

Double cœur d’enfant
sculpté sur un tronc d’arbre
il y a fort longtemps.

La vie s’est enfuie
rue du hameau
souviens-toi
de mes pas.


Gaston Herbreteau

Butinages

Butinage(s)
Gaston Herbreteau
Illustrations de Brunella Baldi
éditions Soc & Foc, 2013
ISBN 978-2-912360-84-7 - 12,00€

Ce recueil sent bon la cour d’école et les galopades dans les rues du village. L’auteur y manifeste un goût certain et simple pour les mots, leurs atouts et leurs jeux. Mais il attache aussi son écriture à la vie, la vraie, des campagnes du siècle dernier, celle de gens simples que l’ont pouvait croiser : l’ouvrier des carrières, le chemineau, les villageois. Le livre nous fait voyager dans le temps, et l’on retrouve un peu les odeurs de l’encre qui tâchait les doigts.

(Alain Boudet)

Il y a

Il y a
Poème de Guillaume Apollinaire
mise en image de Laurent Corvaisier
Éditions Rue du Monde, 2013
ISBN 978-2-35504-276-8 - 18,50€

Avec Guillaume Apollinaire, nous plongeons dans l’univers inimaginable des tranchées, en septembre 1915. C’est en effet au front, durant cette terrible guerre que l’on appelle Grande (on se demande pourquoi) que le poète écrit ce poème à Madeleine Pagès dont il est tombé amoureux. C’est l’évocation de cette séparation (elle est repartie en Algérie) qui commence le poème. Et il s’en suit une longue litanie de choses vues, de souffrances, d’images tragiques, de situations insupportables, avec cet amour chevillé au corps présent dans le poème comme un leitmotiv qui aide à être et à tenir quand la vie est un cauchemar. Laurent Corvaisier met en image ce texte magnifique de simplicité et de vérité.

(Alain Boudet)

Ma maman s’appelle Rose,
je trouve que c’est un joli prénom.
En arrivant
à la maison
j’espère qu’elle enlèvera
ses habits fanés.


David Dumortier

Des oranges pour ma mère

Des oranges pour ma mère
David Dumortier
Imags d’Estelle Aguelon
Cheyne éditeur
Collection Poèmes pour grandir, 2013
ISBN 978-2-84116-178-2 - 15,00€

Ce qui lie un enfant à sa mère est un tissage subtil d’instants communs et de réalités revisitées. Quand l’absence de la mère est en cause, on comprend bien que l’imaginaire monte en puissance pour habiter les vides plus que pour les combler. Car cette absence met à vif la sensibilité, plus encore quand elle est due à la prison.
Lors des retrouvailles dont parle ce recueil que l’on peut lire comme un seul poème, une complicité muette s’installe. Échange d’images fécondes qui nourrissent la relation, vivifient le silence. Un terreau où l’imaginaire de David Dumortier nous apparaît ancré profondément, faisant de l’orange de la prisonnière une lumière, un soleil, un sourire. Et de la mer une grande page de liberté. Pour Rose, sa mère.

(Alain Boudet)

Les sentiers les plus escarpés
Conduisent le voyageur

Là où il doit

N’être qu’ombre
Dans l’immensité des miroirs gelés.

 Benjamin Hopin

au-delà de l’absence

Au-delà de l’absence
Benjamin Hopin
éditions Edilivre, 2013
ISBN 978-2-332-60946-5 - 11,00€

Ce sont la poèmes du voyage plus que du voyageur. Avec une intense attention à ce qui entoure. Les images accueillies par le regard, multiples, variées, viennent nourrir une attente et une soif de découverte, de mise en harmonie. Ce qui se cherche est plus à l’intérieur qu’à l’extérieur, et le monde, s’il est là, l’est pour donner sens à celui qui regarde. Des images très belles, à la fois fragiles et sereines.

(Alain Boudet)

Théotime

Il dit non !
S’entête hurle
jette son jouet
puis attrapant son pouce
il se jette sur sa mère
et contre sa poitrine
s’écrase mollement.


Christophe Jubien

Miroitement sur terre de la petite flaque d’eau

Miroitement sur terre de la petite flaque d’eau
Christophe Jubien
Dessins de Pierre Richir
Éditions Donner à Voir
Collection Les Petits Carrés, 2013
ISBN 978-2-909640-83-9 - 7,50€

Nous voici en pays d’humanité avec le poète pour guide. Nous empruntons son regard de connivence et d’empathie pour côtoyer les autres. Pour être, simplement. Lire ces poèmes, c’est un peu serrer des mains. On partage les évidences de vivre, les joies et les difficultés. On est là, fraternellement.

(Alain Boudet)

Peut-être que le monde
bouge pense et agit bien trop mal
pour qu’on parvienne encore
à lui trouver un sens
une espèce de décence
pour masquer ses carences


Alain Jégou

Cash

Cash Dérives Ombres furtives
Alain Jégou
Éditions L’Autre Rive
Collection La Frange Atlantique, 2007
ISBN 978-2-9528522-1-0 - 15,00€

Trois recueils en un seul. Le premier nous parle "cash", dans une langue directe et écorchée du monde pragmatique qui bringuebale ses misères et ses injustices et met le rêve et l’utopie dans la fosse. Le second nous rappelle - le faut-il - que Jégou était (il est mort en 2013) marin, et breton de surcroît. Le troisième nous offre des textes qui tous commencent par ce mot : "ombre". La poésie d’Alain Jégou est rugueuse, puissante, comme les vents qui furent, avec la mer et les hommes, ses compagnons.
Le livre est présenté en version bilingue français / anglais, traduit par Eve Lerner.

(Alain Boudet)

Ici
se perd l’usage des mots,

ne se transmettent
que les parles du silence

Here
usage of words get lost,

only the tongues of silence
are passed on.

 Gérard Le Gouic

Poèmes de l’île et du sel

Poème de l’île et du sel
Gérard Le Gouic
Éditions L’Autre Rive
Collection La Frange Atlantique, 2007
ISBN 978-2-9528522-5-8 - 15,00€

Dans de courts poèmes qui offrent la particularité de commencer tous par "Ici...", Le Gouic nous offre des images de l’île qui sont autant d’instantanés de l’émotion du regard. Publié une première fois en 1977 aux éditions Telenn Arvor, l’ouvrage a été réédité en version bilingue français / anglais, traduit par Eve Lerner.

(Alain Boudet)

La WISTERIA (Glycine)

Au bout de la rue
La glycine de François
A épousé la grille de son jardin
Depuis longtemps déjà
Et chaque année, au printemps
Le parfum de ses longues grappes pendantes
Insiste subtilement et répète à ma promenade :
- Espoir, confiance et sérénité.
C’est tout un art de bien se promener !


Joëlle Brière

Le dire avec des fleurs

Le dire avec des fleurs
textes de Joëlle Brière
dessins de Marie-Hélène Lafolie
Éditions de la Renarde Rouge, 2013
ISBN 978-2-910861-94-5 - 24,00€

De l’Anémone au Zinnia, Joëlle Brière nous conduit au jardin, dans la serre ou chez le fleuriste, nous montrant les fleurs et explorant leur langage. De l’humour, une parole très documentée, attentive et respectueuse, un fin sens de l’observation. Tout est fait pour que nous soyons ici en pays de connaissance(s). Les aquarelles qui illustrent le livre sont superbes. Pas étonnant quand on sait que "La folie" est de même famille que "la feuillée"…

(Alain Boudet)

Quitter
la douceur des choses
et plonger
la tête la première
dans une nuit
traversée d’éclairs.


Christine Billard

L’échappée

L’Échappée
Christine Billard
Encres de Joëlle Brière
Éditions de la Renarde Rouge, 2013
ISBN 978-2-910861-97-X - 15,00€

L’Échappée, c’est peut-être celle qui nous a quitté. C’est peut-être soi-même à qui la vie échappe, un peu. C’est peut-être aussi cette bouffée d’air frais, cet envol, cette fuite, un peu. Quand le temps passe, la vie va et s’en va. Elle marque, en creux, les manques, et l’on s’accroche à ce qui peut nous retenir : une lumière et ses reflets, un ciel et ses remous, un paysage et ses odeurs. Dans le poèmes de ce livre, nombreux sont les verbes à l’infinitif. Comme si tout restait à faire, à vivre, encore.

(Alain Boudet)

In Memoriam

Ballons

Ballons blancs

Ballons blancs qui s’envolent

Ballons blancs qui s’envolent dans le bleu

Ballons blancs qui s’envolent dans le bleu du ciel

À la mémoire
 Des enfants
 Calcinés
 Dans les camps


Olivier Delbard

Cette vague qui se brise

Cette vague qui se brise
Olivier Delbard
Encres de Jacqueline Ricard
Éditions de la Renarde Rouge, 2013
ISBN 978-2-910861-95-3 - 15,00€

Le monde qui s’agite va-t-il dans le bon sens ? Vivre, c’est aussi s’interroger ainsi. Prendre la mesure des cahots, des déséquilibres, de ce qui nous arrache à l’enfance, à une nostalgie de la plénitude. C’est alors dans le rapport à la nature qui nous entoure que se trouve peut-être une réponse à l’inquiétude, et un chemin où se retrouver.

(Alain Boudet)

Je t’écris en passeur des poésies du monde
à cheval sur une rythmique
debout sur la digue d’un chant de résistance
couché entre les lignes d’une furieuse envie de vivre

Ton soleil, poète,
Prend les ténèbres par la main


Bruno Doucey

S’il existe un pays

S’il existe un pays
Bruno Doucey
Éditions Bruo Doucey, 2013
ISBN 978-2-36229-055-8 - 15,00€

Éditeur des poètes, Bruno Doucey est poète lui-même. Ce qu’il donne à lire dans ces textes est fidèle à ce qu’il publie des autres : ouverture au monde, attention aux hommes, à ce qui appelle et interpelle. Une poésie fraternelle, lyrique, où la parole rend proches les poètes amis présents ou disparus (Lorca, Ritsos, Temple…) et chaque vivant de ce monde.
Ce livre est le cinquantième publié aux éditions Bruno Doucey. On y retrouve avec plaisir le premier titre (oratorio pour Federico Garcia Lorca) offert à la naissance de la maison. Une sorte de manifeste. Un espace pour fonder la patrie du poème.

(Alain Boudet)

TANT DE BATAILLES
POUR DES BILLES !

UNE ROBE, UN SEUL BOUTON :
C’EST UNE ROSE !

 Philippe Annocque
 

Dans mon oreille

Dans mon oreille
Philippe Annocque
dessins de Henri Galeron
Éditions Møtus, 2013
ISBN - 978-2-36011-047-6 - 12,00 €

Voilà de courts textes proches de l’aphorisme, du dicton. Deux lignes dont le sens s’articule autour d’un jeu. Certaines lettres des mots de la première ligne composent un mot qui est la clé de la seconde, et par là, du texte entier. Un jeu bien sûr, mais intelligent, qui éveille l’attention, suscite la curiosité et avive l’intérêt. Une réelle invention, des surprises sans facilité que cisèlent les dessins oniriques et surréalistes en couleurs d’Henri Galeron.

(Alain Boudet)

Distraitement
par habitude
les yeux cherchent en vain
la voûte
 les arcades
mais c’est en nous peut-être
qu’on pourrait lire
 à ciel ouvert.


Gilles Baudry

Le bruissement des arbres dans les pages

Le bruissement des arbres dans les pages
Gilles Baudry
Rougerie, 2013
ISBN 978-2-85668-177-8 - 13,00€

Avec la poésie de Gilles Baudry, nous voici embarqués - c’est le mot qui convient - pour un voyage immobile. On entend l’indicible, on accueille ce qui se donne à chaque regard attentif. Dans ce pays de Landévennec Gilles Baudry s’interroge dans la transparence des eaux et du ciel, accueillant sereinement toutes les questions du monde, proche, lointain ou intérieur. Il nous convie à une intériorisation qui n’est jamais un repli sur soi, mais bien un dépassement.

(Alain Boudet)

Sillage

Une vie, à peine un peu
d’écume dans son sillage,
guère plus de traces
que l’oiseau n’en laisse dans l’air qu’il fend.

Une vie, ce qu’il en reste,
cette traînée d’images
dans les mémoires amies
s’évaporant avec les ans.

Une vie, une voile, un vol,
un grain de lumière
dans les sillons du vent.


Michel Baglin

Un présent qui s’absente

Un présent qui s’absente
Michel Baglin
Éditions Bruo Doucey, 2013
ISBN 978-2-36229-051-0 - 15,00€

Michel Baglin est (déjà) un vieux routier des mots. Même s’il est habile à dénicher les finesses de la langue, il est loin des exercices de style et des écrits décoratifs. C’est dans la pâte humaine qu’il puise, marqué par son histoire, dans l’élan de ses engagements, enraciné dans un humanisme qu’il affirme et qui lui offre sa boussole. Michel Baglin est fidèle aux amis qu’il n’oublie pas et à qui il dédie certains de ces poèmes. Ce livre qui interroge est aussi un livre qui affirme : prendre la parole, c’est aussi la donner, et affirmer que contre toute barbarie, toute contrainte des corps et des esprits, la langue fraternelle offre un paysage pour tous.

(Alain Boudet)

Très tôt le matin

À présent
je dois contredire ma mémoire
et ne plus craindre ce vide
où j’aperçois la profondeur de la perte


Salah Al Hamdani

Rebâtir les jours

Rebâtir les jours
Salah Al Hamdani
Éditions Bruo Doucey, 2013
ISBN 978-2-36229-052-7 - 15,00€

De livre en livre, Salah Al Hamdani ancre ses mots à la nuit, lancé dans l’aventure de vivre avec l’exil comme trajectoire. Dans les poèmes de ce livre, il tente de poser des repères : balise de l’aimée, de l’homme fraternel, dans la nécessité aussi de composer avec cet autre lui-même, meurtri par la rupture d’avec son pays et les siens, écartelé sur des chemins divergents où la patrie a corps réel et visage de rêve. Chaque jour est un lieu d’errance que le poème tente d’éclairer de sa lampe.

(Alain Boudet)

Il est des instants
 des mots
 des gens
Comme du silence

Certains parlent d’eux-mêmes


Philippe Rivaud

L’Heure blanche

L’Heure blanche
Philippe Rivaud
Dessins de Minh Tran
L’Arbre à paroles, collection Résidences, 2013
ISBN 978-2-87406-568-2 - 10,00€

Une écriture à la fois précise et elliptique qui ménage des espaces de sens. Une concision ciselée comme une première neige pour cerner avec délicatesse le contour des souvenirs, des impressions, des choses. Les textes sont accompagnés de dessins qui sont autant de gestes premiers, simples.

(Alain Boudet)

Quelle aube
à fleur de vitre
a cet éclat de l’incertain
quand ce qui luit
n’éclaire pas encore ?

De quoi l’orée
augure-t-elle ?


Gilles Baudry

Instants de préface

Instants de préface
Gilles Baudry
Rougerie, 2009
ISBN 978-2-85668-116-6 - 14,00€

Ces poèmes sont ceux d’une présence. Au monde (mais dans ce qu’il a de plus humble aussi, de moins spectaculaire) et aux êtres. Une poésie écrite comme une écoute, en quête du sens des choses, sensible à la transcendance. Lire ces poèmes, c’est accueillir une belle sérénité, ancrée en Bretagne où vit l’auteur, moine à l’abbaye de Landévennec.

(Alain Boudet)

Celui qui court dans les bombardements de la ville. Il porte une grande cage avec des oiseaux. Il court. Dans les gravats. Entre les voitures incendiées. Des obus tombent partout. Des rafales écorchent les murs. Il court. Il porte des oiseaux sous les bombes. Les vrais fous ne sont-ils pas ceux-là qui portent la mort à travers la ville.


Raymond Jacq

Lorsque le voyageur

Lorsque le voyageur
Raymond Jacq
La petite édition, 2012
ISBN 978-2-916587-66-0 - 12,00€

La vie, la mort, la guerre, les différences, la pauvreté, la difficulté de dire, de voir, il y a tout cela dans la poésie de Raymond Jacq. On y retrouve un onirisme de la réalité, à réserver aux adultes. Une ponctuation irrégulière (très peu de virgules) installe un trouble déstabilisateur pour une poésie de la révolte d’où l’espoir n’est pas absent.

« Après les eaux mortes les écueils les jours sans vent me voici. Je suis un vaisseau obstiné. Obstinément je cherche l’œil de la tempête obstinément je cherche le passage. »

(Robert Froger)

Le rouge de l’aube
Un moineau dans la neige
Invente l’écriture


Monique Leroux-Serres

Jour au petit point

Jour au petit point
Haïkus de Monique Leroux-Serres
Calligraphies de Taeko Oshima
collection Kolam
éditions pippa, 2013
ISBN 978-2-916506-44-9 - 12,00€

Monique Leroux-Serres signe là son premier livre de haïkus.t Inscrits dans la tradition du genre, très liés à la nature, son infime et son infini conjugués. Chargés aussi d’émotion(s). De belles réussites qui parlent à l’intime.

(Alain Boudet)

le petit Louis pense
que le toit a des dents
glaçons côte à côte

Eiszapfen
Klein Ludwig glaubt
das Dach hat Zähne

Carambanos
Luisito cree que el tejado
tiene dientes

row of icicles
little Louis think
thé roof has teeth

Huguette Ducharme

Haïkools

Haïkool - 108 Haijins
Choix de Rob Flipse et Eric Hellal
Dessins d’isabel Asunsolo
éditions liroli, 2013
ISBN - 978-2-916616-19-3 - 15,00 €

L’art du haïku est actuellement très répandu. Il est, ici, bien respecté. 108 haijins (c’est ainsi que l’on appelle celles et ceux qui écrivent des haïkus) s’exprimant chacun dans sa langue maternelle nous offrent des haïkus souriants. Comme le sont les portraits dessinés par Isabel Asunsolo. Chaque texte est lisible en 6 langues : le français, l’allemand, le néerlandais, l’espagnol, l’anglais et… le picard, langue parlée en terre d’accueil des éditions liroli.

(Alain Boudet)

Au pied de ton immeuble,
des amas
de neige.

Au fond de ton crâne,
des flocons
d’autres froids,

de purs cristaux de joie.

Maintenant,
tes yeux flambent,
collés à la fenêtre
et la neige fond
en chaque lettre

du prochain poème à naître.

Morgan Riet

vu de l’intérieur

vu de l’intérieur
Poèmes de Morgan Riet
Dessins d’Hervé Gouzerh
Éditions Donner à Voir, 2013
ISBN - 978-2-909640-82-2 - 7,50 €


Morgan Riet nous invite chez lui. Il nous propose dans ces poèmes une visite guidée. Une écriture très proche qui ne néglige pas le rythme de la ponctuation, nous propose en partage un quotidien des lieux, une vie de famille sur laquelle il porte un regard tendre et espiègle, un rythme enlevé, enjoué même. Du radiateur au frigo en passant par la vaisselle, de la chambre au hall d’entrée, nous partageons la vie d’un autre, unique sans doute, mais qui n’est pas si différent de nous. Suivez le guide…

(Alain Boudet)

Dès ma naissance on m’a brisée
on m’a ôté la lettre qui
chantait un air
et l’on ne m’a jamais bissée.
(…)

Marcel Migozzi

Chaque page a son secret

Chaque page a son secret
Marcel Migozzi
illustrations Johan Troïanowski
Pluie d’étoiles éditions, 2012
978-2-913056-32-9 - 7,00 €

Marcel Migozzi nous offre ici un bestiaire familier où les oiseaux côtoient le chat, le chavel et la tortue. Se glissent entre les poèmes titrés d’autres textes qui sont sans titre et ont forme de devinette, glissant ainsi, au fil des pages, leur secret.

(Alain Boudet)

Ma tête
s’est enlevée
quand je flânais
en désespérant.

Megumi Nemo

La tête tombée

La tête tombée
Magumi Nemo, texte et dessins
Soc et Foc, 2013
978-2-912360-80-9 - 6,00 €

Un texte qui file en racontant une histoire que porte aussi - surtout - les gravures. Un prétexte à jeu, à dialogue texte et dessins dont on peut se demander lequel a précédé l’autre. Un livre accordéon où la roue tourne…

(Alain Boudet)

Ta tête
posée
sur ma poitrine,

tu lis un livre
et moi,
tes seins.

Morgan Riet

Ça brûle

Ça brûle
Morgan Riet
Illustration de Léo Corbaz
coll. 8pA6 N° 72
-36° édition, 2012
3,00 €

7 poèmes du désir amoureux, gestes, caresses, regards, dits et non dits. Une écriture précise, haletante parfois. Un petit 8 pages à découvrir.

(Alain Boudet)

Dès ma naissance on m’a brisée
on m’a ôté la lettre qui
chantait un air
et l’on ne m’a jamais bissée.
(…)

Luce Guilbaud

Naviguer dans les marges

Naviguer dans les marges
Luce Guilbaud
dessins de Maïté Laboudigue
Soc et Foc, 2013
978-2-912360-82-3 - 12,00 €

Luce Guilbaud préfère les sentiers bavards et les chemins de traverse volubiles aux autoroutes analphabètes. On retrouve dans ses poèmes les présences qui lui - nous - sont familières : l’arbre et la feuille, le vent et la pluie, la fleur et l’oiseau, tout l’univers du jardin, de la campagne et de la mer qui nous font circuler dans les marges, là où l’on peut vivre et respirer, vraiment.

(Alain Boudet)

Ne m’ôte ps la possibilité de l’orage

Ouvre grand la fenêtre.

Jean-François Forestier

Sous la lune

Sous la lune et autres saisons
Jean-François Forestier
Prix poétique de la ville de Dijon, 2012
978-2-909640-10-8

C’est de l’image que surgit le mot. Vision fugace, impression qui s’impose et conduit à puiser dans la langue ce qui restituera (un peu) et prolongera (surtout) cette fulgurance première. Naissent alors des poèmes aux ambiances nocturnes, souvent brefs où l’on sent un goût pour les mots, leur musique, leur précision, et les images qu’ils portent.
Les poèmes de ce livre ont reçu le prix de poésie de la ville de Dijon en 2012.

(Alain Boudet)

Tu te souviens des livres
qu’on lisait ensemble ?
le bruit des pages quand on les tourne

Et les phrases dans ces pages

Imagine toutes les lettres de tous les mots des livres qu’on lisait ensemble…

C’est autant d’amour que je t’envoie
…/…

Coline Irwin

C’est autant d’amour que je t’envoie

C’est autant d’amour que je t’envoie

Coline Irwin
éditions MeMo, 2010
ISBN - 978-2-35289-091-1 - 15,00 €
Un père, séparé de son enfant par les kilomètres, lui fait imaginer tout l’amour qu’il lui envoie en se souvenant de leurs moments passés ensemble. Cet amour se mesure en lettres, nuages, gouttes de pluie, galets, grains de sable, grains de sel, moutons…
Les textes, courts, écrits sous la même structure,(Tu te souviens… / Imagine … / C’est autant d’amour que je t’envoie) sont illustrés de photographies de l’auteur.

(Robert Froger)

(…)
Tant pis pour l’homme
inattentif
s’il ne voit pas la fleur
l’herbe le papillon
le grillon la fourmi
s’il ne voit pas l’enfant
et passe tout à c----ôté
de la profonde joie.
(…)


François David

L’Homme

L’Homme
François David
Chromatisme : Laure Pasquet
éditions Møtus, 2013
ISBN - 978-2-36011-028-55504-254-6 - 12,50 €

François David ne parle jamais pour ne rien dire. Dans ce livre, il nous invite à porter un regard sur "L’Homme" - sur nous - tellement imbu de sa personne, tellement assuré de sa grandeur. Il dénonce brillament nos travers égocentriques, il propose une métamorphose bénéfique, il invite à changer de regard et d’attitude. Il nous provoque, nous conduit à trouver notre vraie place, parmi les autres, à hauteur d’homme, à voix basse et proche. Il nous fait gagner en humanité fraternelle et ce faisant, nous grandit en vérité. Le livre met concrètement tout cela en œuvre : un format tout en hauteur (42 centimètres, s’il vous plaît !), une typographie variée et à propos, des couleurs vives comme la voix de l’auteur. Une rencontre à ne pas manquer.

(Alain Boudet)

Le poisson rouge
de mon aquarium

Est plus fort en bulles
Que je ne suis

Tenez- regardez-le !

N’est-ce pas merveilleux ?

Jean Foucault

Diabolo mon poisson rouge

Diabolo mon poisson rouge
Jean Foucault
Photographies de Magali Lambert
éditions Corps Puce, 2012 - 9 €
Collection Le Poèmier
ISBN - 2-35281-061-2

Jean Foucault se pose bien des questions à propos de son poisson rouge. « Le poisson est-il soluble dans l’eau ? » De jour comme de nuit, de près ou de loin, il s’inquiète des faits et gestes de son poisson, allant même parfois jusqu’à s’identifier à lui. Mais ne tournons-nous pas, nous aussi, autour d’un grand aquarium ? Le poisson rouge comme objet de philosophie ! Entre l’être humain et le poisson, lequel observe le plus l’autre ?I

(Robert Froger)

Sa robe empourprée de soleil
L’été glisse sur sa peau
Ambre et cuivre se fondent
Pour un territoire de conquête
Son ventre rond offre des promesses
Que le regard dévore

Maria Desmée

Pommes, conte d’une traversée

Pommes, conte d’une traversée
Maria Desmée, textes et photos
éditions Corps Puce, 2013 - 14 €
Collection Liberté sur Parole
ISBN - 2-35281-071-X
Maria Desmée a photographié des pommes. Mais plus que le fruit plein et juteux, plus que ce qui nourrit le corps, c’est le fruit abîmé qui l’intéresse. Celui, oublié, qui s’enrichit de moisissure, et du coup, devient autre chose. Planète, bijou, fruit de métamorphose qui renvoie en écho une image de nous-même et de l’univers que nous habitons.

(Alain Boudet) 

Il aimait les pommes
Les pommes de l’air.

Il allait les voir
En septembre
Parcourir les vergers
Peu avant la récolte
Quand tout le monde dormait

Enfin le croyait-il !
Mais ce n’était sans doute pas vrai

Jean Foucault
Anthropo-Pommes
Pommes, conte d’une traversée
Maria Desmée, textes et photos
éditions Corps Puce, 2013 - 14 €
Collection Liberté sur Parole
ISBN - 2-35281-071-X

Voilà une belle continuité. Après les pommes de terre qui ont tant inspitré Jean Foucault, voici, grâce aux photographies de Maria Desmée, que s’offre l’occasion de préciser les liens qui l’unissent au pommier et à ses fruits, ces "pommes de l’air", héroïnes d’une enfance, souveraines d’une économie, tremplins de l’imaginaire.

(Alain Boudet)

on a roulé toute la prairie
gros rouleaux de paille ou de foin
que les vaches mangeront
en déroulant un peu d’hiver chaque jour.

Luce Guilbaud

par les plumes de l’alouette

Par les plumes de l’alouette
Luce Guilbaud
Photographies de Camille bonnefoi
éditions Corps Puce, 2012 - 9 €
Collection Le Poèmier
ISBN - 2-35281-068-X
Avec Luce Guilbaud, « on va à la rencontre des mots qui ont de la musique aux ailes ». Toujours dans un esprit de partage, elle nous promène d’herbe en merle à la recherche d’un être humain jamais loin de ses sentiments. Elle choisit sa palette de mots comme Vincent van Gogh, qu’elle évoque dans un poème, choisissait ses couleurs, dans un tourbillon de vie qui n’oublie pas la mort.

(Robert Froger)

(…)
Est-ce qu’on connaît vraiment l’identité de la boule Quiès ?
(…)

Est-ce qu’il vous arrive d’avoir peur devant un distributeur de jetons ?

(…)

Estce que cette entreprise de hangars fait aussi des rabais sur les remises ?

Jea,-Claude Touzeil

Urticantes

Urticantes
Jean-Claude Touzeil
Dessins d’Yves Barré
Collection "ficelle"
éditions Rougier V., 2013
ISBN - 978-2-913040-95-0 - 9,00 €
On peut dire que voilà le petit frère de Est-ce que, paru aux éditions Donner à Voir et récemment réimprimé. Du concentré de Touzeil, à savoir : un œil affûté porté sur le monde, toujours en éveil, toujours prêt à l’accueil (plus qu’à l’affût, il n’est pas chasseur) de ce qui peut surprendre ; un compagnonnage de la langue et de son usage qu’il vit en virtuose, l’ouïe fine et le sourire aux lèvres quand vient la trouvaille ; un humour inoxydable, aimable et généreux ; une constance et une patience qui l’ont amené à collecter ces propos qu’accompagne Yves Barré dans le même esprit : espiègle, cocasse et tendre. Ça gratte…

(Alain Boudet)

De l’ennui
que veux-tu dire ?

Rien rien
Sinon

Déjà

Ce n’est plus

De l’ennui.

Jean Foucault

entre le laps et l’ennuimonde

Entre le laps et l’ennuimonde
Jean Foucault
Les carnets du dessert de lune, 2012
éditions Corps Puce, 2013 - 10 €
ISBN - 978-2 930607-64-1

Jean Foucault est à la fois grave et facétieux, profond et joueur dans cette invitation à un curieux voyage intérieur. Il s’agit de débrancher avec "L’ennuimonde" où Il ne peut rien se produire, où Toutes les questions/ Sont déjà biffées/ Cochées/ Choisies et où les images imposées sont fabriquées/Par ce qui était là/ Dès notre naissance. Pour partir plus sûrement, il est urgent .... d’attendre et d’écouter le silence. Plutôt que d’ Être à jour avec le monde, il propose d’ Être à nuit/ Etat proche/ De l’ennui. Il revendique pour tous L’Etat stationnaire qui n’est pas acquis car Il se construit/Pas à pas et Nécessite du soin/Beaucoup de soin. Il invente le « frollement »/ Venu seul avec deux ailes./ Une sur chaque face/ La visible et l’invisible/ .../Qui libère un univers/ Jusqu’alors inconnu.
Le voyage peut être long et incertain. Cela se fera probablement au prix de l’ennui.
Jean Foucault nous emmène par les mots vers un monde d’avant qui se nomme, quelque chose de plus grand que nous, un univers jusqu’alors inconnu.

(Michel Foucault)

Une poule qui s’baigne dans une cocotte
avec des poireaux, des carottes,
sans une seule plume sur la peau,
une poule comme ça
est poule au pot !

Jean-Hugues Malineau


poules et poulets

Poules et poulets
Jean-Hugues Malineau
Illustrations de Lucile Placin
éditions Rue du Monde, 2013 -12,00 €
ISBN - 978-2-35504-254-6 - 17,50 €
Collection "Graines de mots"

La poule dans tous ses états. Un thème décliné dans les poèmes brefs qui composent une basse-cour amusante et illustrée de « quatre douzaines de poèmes extra-frais ». Jean-Hugues Malineau, en jongleur amoureux de la langue, joue avec les expressions nombreuses liées à ces pondeuses et gratteuses familières.

(Alain Boudet)

Deux présences au bord du monde. Une fleur, un vase. Un regard pour celui qui part, un regard pour celui qui veille. Ce don des larmes retenues, tissé dès le premier souffle entre la mère et l-enfant, laisse fléchir le monde doucement dans sa sagesse.

Dominique Sampiero

La vie est chaude

La vie est chaude
Dominique Sampiero
éditions Bruno Doucey, 2013 -6,50 ¬
Collection Embrasures
ISBN - 978-2-36229-037-4
Il faut quelqu’un pour mourir et quelqu’un pour regarder mourir". La mort de l’autre, proche et cher, est à la fois déchirement et don. Avec la disparition physique, c’est un autre espace qui s’ouvre. Ce livre tisse deux suites de poèmes. Les uns, des textes en prose qui nous parlent de la mort et de ses protagonistes avec beaucoup de force, d’amour, de délicatesse. Les autres, de courts poèmes qui parlent de la nuit, à la fois espace, temps et être.

(Alain Boudet)

Une immense brouette
portée à bout de bras

au bout d’un homme
à bout de force.

Yvon Le Men

Sous le plafond des phrases

Sous le plafond des phrases
Yvon Le Men
ISBN 978-2-36229-040-4
éditions Bruno Doucey, 2013 - 6,50 ¬
Collection Embrasures
Empêché d’aller en Haïti pour le Festival Etonnants Voyageurs par le séisme qui a ravagé le pays en janvier 2010, Yvon Le Men s’est inquiété de savoir ce que devenait son ami le poète Bonel Auguste. C’est lors d’un séjour suivant que ces textes ont été écrits. Ils traduisent l’immédiateté du contact avec le pays, sa souffrance, et ses espoirs. Et les mots rejoignent chacun dans l’expression d’une belle fraternité.

(Alain Boudet)

Quelque part
On la noie.

Mais elle ressuscite
Parfois l’été venu

Étonnée de tout voir
de l’herbe et du lézard.

Jacqueline Persini-Panorias

Poèmes à queues de fourmis

Poèmes à queues de fourmis
Jacqueline Persini-Panorias
Illustrations de Benoît Déchelle
éditions Donner à Voir, 2013 -12,00 ¬
ISBN - 978-2-909640-80-8

Que savons-nous des fourmis ? Que connaissons-nous de leurs rêves, de leurs préoccupations, de leurs états d’âme ? Que savons-nous de leur vie ?
Avec les poèmes de ce livre, Jacqueline Persini-Panorias nous entraîne dans une démarche d’entomologie poétique qui fait la part belle à l’humour et à l’imaginaire. Et ces fourmis ne sont finalement pas si éloignées de nous.

(Alain Boudet)

Dimanche pluvieux
la soupière pleine
de factures

***

La paix conclue
avec la mouche
l’étendre au monde

Christophe Jubien

les mains autour du bol à fleurs

Les mains autour du bol à fleurs
Christophe Jubien
éditions écho optique, 2012 - 8,00 ¬
Ces micro-poèmes, souvent haïkus, sont en prise directe sur la vie. 150 textes brefs mais chargés de sens à ras bord. Christophe Jubien n’est pas, dans ces poèmes, un bavard. Pas de discours. Des paroles. Fortes. Justes. Un coup d’Sil assuré et les mots pour le dire. Un régal. En 3 lignes, le texte évoque et les images suivent, continuant en nous leur chemin&

(Alain Boudet)

(&)
Elle disait mer
et nous nous hissions
jusqu’à la lucarne
et cette odeur laiteuse
de vagues jamais evies de près
(&)

Vénus Khoury-Ghata

orties

Orties
Vénus Khoury-Ghata
Dessins Diane de Bournazel
éditions Al Manar, 2011
ISBN 979-10-90836-04-4
16,00 ¬
Prix Goncourt de la poésie 2011. Vénus Khoury-Ghata évoque le pays de son enfance, le Liban, à travers un long et unique poème imprégnée de la figure maternelle : "Penchée au-dessus de mon épaule / la morte analphabète surveille ce que j-’écris / chaque ligne ajoute une ride sur mon visage / chaque phrase la rapproche d-n pas de la maison des ORTIES ".

(Anne Foucault)

Il se tient debout en équilibre en haut du toboggan attend d’être suffisamment traversé d’air pour engager son corps dans un couloir de vent qui le remplira de bruits supplémentaires

Amandine Marembert

Un petit garçon silencieux

Un petit garçon silencieux
Amandine Marembert
Dessins de Diane de Bournazel
éditions Al Manar
ISBN 978-2-913896-84-0
14,00 ¬
Comment entrer en communication avec l’ Autre quand cet Autre n’a pas l’usage de la parole ? Comment dialoguer avec cet Autre qui ne peut jamais dire je ou tu mais que Amandine Marembert nomme il parce qu’ il demeure inexorablement de l’autre côté de la vitre ?
Comment écouter le discours de l’Autre qui ne peut s’exprimer que par ses gestes, ses réactions imprévisibles, ses regards, ses mimiques, ses sourires, ses dodelinements de tête, ses fous rires, ses murmures, ses invectives pour remplacer la parole manquante ?

Dans ce recueil rempli d’émotion, chacun des textes très courts est une tentative de contact avec l’Autre pour connaître la partie émergée de ses pensées/ celle qu’il veut bien laisser transparaître. Par delà le drame individuel, les mots d’Amandine Marembert essaient de tenir une conversation quand cela tient de la chasse aux papillons.

(Michel Foucault)

MATINALE

Les joues au jardin
le vent les lèche
à coup de langue fraîche

Et je me sens pomme soudain

Lucie Spède

Paroles de pommes

Paroles de pommes
Lucie Spède
dessins d’Émilie Garroy
éditions Couleur livres, 2012
Collection "carré d’as"
ISBN 978-2-87003-612-9
9,00 ¬
dans ce recueil posthume, nous voici dans la magie du verger. Grimpés dans le pommier avec Lucie Spède, observateurs attentifs des goûts et des couleurs, plongés dans l’enfance et dans les souvenirs, pommes nous-mêmes, parfois, les joues rouges& Le recueil est mis en page comme le serait un cahier d’écolier avec ses petits carreaux, mêlant, dans la mise en page, l’écriture manuscrite aux caractères d’imprimerie et au dessin.

(Alain Boudet)

À défaut de Miracle

N’importe quel miracle
sinon
les petits ciseaux
les grandes civières.

Geneviève Peigné

À défaut de miracle 

À défaut de miracle
Geneviève Peigné
Éditions Potentille, 2012
ISBN 979-10-90224-05-6
7,70 ¬
Nous, si vulnérables, sommes en attente DU Miracle. Mais, piégés par notre imperfection et nos aspirations, doutant, de Miracle, il n’y a peut-être pas. Alors on s’arrange et on espère qu’il y aura des "miracles" sans majuscules. De ces petites choses qui posent des étais à l’espoir. C’est cela qui sauve du désenchantement. Et ce petit livre, dans une langue très agréable, nous donne, sans y paraître une formidable leçon de vie et de dignité, et propose ce projet fort d’amour : "s’appliquer davantage à être vivable que vivant".

(Alain Boudet)

Soleil

Le soleil
dans l’arbre
se brise
et dans mon oeil
s’irise

Guy Chaty

À cheval sur la lune

À cheval sur la lune
Guy Chaty
Illustrations de Raphaël Lerays
éditions Soc & Foc, 2012
ISBN 978-2-912360-78-6
12,00 ¬
À cheval sur la lune, on voyage forcément dans un pays imaginaire où se gobe le soleil comme un œuf à la coque. Et les chamboulements que suscitent vent, pluie, tempête sont prétexte à trouvailles et à éclats de rire. Juste un élément grave : « La terre en a gros sur la patate/ d’être traitée et maltraitée/ comme une vieille savate. ». Une terre qui ne décolère pas et « au comble de la rage/ envoie des raz de marée / sur les plages ». Les jeux avec les lettres et les sons donnent envie aux lecteurs petits ou grands de jouer aussi avec les éléments du monde (oiseau, fleur, nuage, poussière…etc.). Et l’humour déplace, détourne le réel, le transfigure, lui donne une saveur douce ou piquante. La poésie est offerte à tous avec des mots simples : « La feuille se trémousse/ toute nue sur la mousse ».
On marche au galop de la jubilation et de magnifiques illustrations animent des êtres lunaires, surnaturels qui nous attirent dans les airs ou dans d’étonnantes aires…
À enfourcher prestement et à ne pas lâcher- ce cheval sur la lune-

(Jacqueline Persini-Panorias)

Regret

Ces jours
grandis au bord de nos matins
je les ai cueillis pour toi
jour après jour

Et je ne sais plus que faire à présent
à l’approche du lendemain
et de ce croissant de lune
égaré dans une aube
jetée par-dessus les remparts.

Salah al Hamdani

Bagdad Jérusalem

Bagdad Jérusalem
À la lisière de l’incendie
Salah al Hamdani et Ronny Someck
éditions Bruno Doucey, 2012
ISBN 978-2-36229-016-9 - 16,00 ¬
Voici un livre qui a le courage de la vérité incarnée. La vérité de deux hommes qui font le choix, dans l’écriture, de la vie, au risque de bousculer les sectarismes. Deux hommes que l’histoire a un temps éloignés et qui se découvrent enfants d’une même terre, avec des racines communes. Et c’est dans sa langue maternelle que chacun parle. L’un en arabe, l’autre en hébreu. Les poèmes sont traduits pour l’un par Isabelle Lagny et lui même, pour l’autre par Michel Eckhard Elial.

(Alain Boudet)

Il fait toujours soleil
Dans la splendeur des songes
Et la roue de tes mains
Lavée du plus beau sang
Au nom du chant des mers disparues
Témoigne

Ernest Pépin

Le bel incendie

Le bel incendie
Ernest Pépin
éditions Bruno Doucey, 2012
Collection Embrasures
978-2-36229-033-6 - 6,10 ¬

C’est d’abord une femme que le poète chante ici. Une femme bien réelle, métissée, celle qu’il appelle l’Indienne. Mais une femme mythique aussi, mère d el’humanité autant que maîtresse de l’homme. Celle en qui s’installe la dimension cosmique de l’être, dans la puissance rouge de son île ouverte au monde.

(Alain Boudet)

est-ce que

Est-ce qu’un routier, à la tête d’un semi-remorque, peut être considéré comme un conducteur à part entière ?

...

Est-ce qu’on peut arriver à sortir en boîte ?

Jean-Claude Touzeil

est-ce que
Jean-Claude Touzeil et Yves Barré
Éditions Donner à Voir, 2012
Collection Petits Carrés
ISBN 2-909640-19-1
6,50 ¬

Des textes qui comencent tous par cette formule, chère aux enfants et aux curieux : "est-ce que". Mais des questions inattendues, où les mots jubilent et où le poète s’amuse, disant parfois des choses graves dans un sourure. Les dessins d’Yves Barré sont dans la même veine que les textes de Jean-Claude Touzeil. Ce petit livre est une réédition.

(Alain Boudet)