Plus haut que les flammes
Article mis en ligne le 15 janvier 2015
dernière modification le 9 janvier 2015

par Alain BOUDET

À Auschwitz, on exterminait
des enfants
qui aimaient caresser
des troupeaux de nuages

(…)

mais le plus petit moineau
suffit encore à l’enfant
pour se bricoler des ailes

(…)

il faut des jardins
d’enfance
pour secouer le présent

…/…

 

Plus haut que les flammes
Louise Dupré
Éditions Bruno Doucey, 2014
Collection Soleil noir
ISBN 978-2-36229-076-3€
14,50 €

2015. Soixante dix ans après la libération des camps d’extermination nazis, ce livre publié une première fois au Québec en 2010 nous rejoint aujourd’hui. Un choc de lecture né du choc d’un voyage de l’auteur aux camps d’Auschwitz et de Birkenau qui initia l’écriture de ce poème délié en quatre mouvements. Une longue et vigoureuse complainte, parole de femme, de mère et de poète qui trouve comment dire l’indicible avec des mots qui sont fondamentalement ceux de la tendresse, de l’amour et de l’engagement. Un biberon cassé, des vêtements d’enfants, l’univers pictural de Francis Bacon jalonnent l’écriture qui pèse "aujourd’hui" sur les balances d’hier, donnant à la vie le poids immense qu’il faut lui reconnaître, renforçant l’amour pour l’enfant d’aujourd’hui des rêves de caresse brisés des enfants disparus hier.

Les traces de l’horreur deviennent dans les mots de Louise Dupré un tremplin pour l’espoir, la seule issue. La poésie se fait pierre philosophale qui transmue les cendres de la tristesse et de la révolte en braises de la joie.

C’est un livre pour la mémoire, bien sûr. Et c’est, pour cela, un livre pour aujourd’hui et pour demain. Un livre qui donne à notre humanité les forces vives de l’enfance dont on a, en ces jours tout particulièrement, le plus urgent besoin.

Alain Boudet