À louer chambre vide pour personne seule
Article mis en ligne le 1er septembre 2017
dernière modification le 16 juin 2017

par Robert Froger

Plus grande
que lui

la baguette de pain
dépasse de l’enfant.

À terre
des flaques d’ombre
jaillit son visage

piqué de roux
et taché de rouge

le rouge de la glace
qu’il avale en marchant

par-dessus les flaques
plus grandes que ses pas.

Plus grande
que lui

la baguette de pain
cogne au plafond du ciel

que l’enfant saisit
par poignée dans les yeux.

Je le regarde
et descends dans mon enfance

qui
ce matin
est plus grande que moi.


 

 

À louer chambre vide pour personne seule
Yvon Le Men
Prix Théophile Gautier de l’Académie Française, 2012
Rougerie, 2011
ISBN 978-2-85668-165-7
14,00 €

Si, comme nous le dit Yvon Le Men en "ouverture" de son livre, "l’homme né à la campagne" s’est senti "abandonné" quand il s’est retrouvé dans "La Maison Radieuse" de Le Corbusier, à Rezé, pour une résidence d’auteur, ses yeux se sont vite habitués à son voisinage. S’en suivent, dans la partie intitulée "Rumeurs", de courts poèmes qui nous parlent des gens, du béton, mais aussi de la nature, bien présente. On suit le poète dans ses déambulations, on marque le pas avec lui pour observer et saisir.
Puis, dans une autre partie, "Histoires verticales", des poèmes plus longs, un auteur qui a voulu s’intéresser plus aux détails, s’arrêter sur la vie des gens. Presque tous les titres des poèmes comportent un prénom, nous rendant ainsi les personnages plus proches, plus familiers. Nous entrons dans leur vie, leur intimité.
Dans les quelques poèmes de la dernière partie, "Alentours", le poète vagabonde un peu plus loin, temporellement et géographiquement, et remonte la Loire comme il remonte le temps, tandis qu’"au loin / le jour se défait dans la nuit".
Ce livre est un moment de vie... radieux.

 Robert Froger