... C’est pour cette raison que si le premier travail du poète est de ne pas se laisser submerger par les mots, il doit tenter de contrôler ce que son esprit véhicule, l’intuition doit lui servir de guide ! Mais dire qu’au premier écrit le poème est abouti est rare, souvent il faut revenir sur l’ouvrage, sans cesse revoir les mots qui se sont imposés par eux-mêmes et les exclure si nécessaire ! Le poète doit être sans faiblesse envers lui-même et la langue, il ne doit pas se contenter de ce qu’il lit, crée spontanément, si cela est, mais tendre vers la perfection, vers l’harmonie. Aucun mot n’est bancal, car si le poème boite c’est que le poète n’aura pas su ajuster les mots selon le meilleur modèle. Il faut donc qu’il gomme pour qu’il sente petit à petit se parfaire son poème jusqu’à sa forme définitivement ciselée.  ...

La poésie et nous
Jean-Michel Bongiraud
Corps Puce, 2012
Collection L’Art du mot
ISBN 2-35281-050-7
10,00 €

Le sous-titre du livre peut nous éclairer sur les intentions de l’auteur :"Petit livre pour ceux qui cherchent la poésie et pour ceux qui croient l’avoir trouvée !"
Par un échange fréquent entre les idées de l’auteur et citations extraites de 25 ouvrages, livres de référence, cités en annexe (Bachelard, Baglin, Paz, Reverdy...) Jean-Michel Bongiraud remet les pendules poétiques à l’heure... d’aujourd’hui. Il disserte sur la (les) poésie(s), le processus de création, il évoque les poètes, réels ou supposés, parle de l’importance des revues de poésie, et donc des revuistes, sans oublier les éditeurs de poésie et les manifestations poétiques ainsi que la poésie à l’école.
Toute cette agitation, même si elle reste assez confidentielle, fait qu’"avec le poète la langue n’est jamais en repos."

Robert Froger