Sans Abuelo Petite
Article mis en ligne le 1er juin 2018
dernière modification le 23 juin 2018

par Robert Froger

Je ne sais pas si tu es encore jeune
ni tes cheveux gris ou blancs.
Parfois je te regarde dans les yeux,
je te dispute sur la photo.
Tu ne sais pas que je te parle,
ni les mots ni les interrogations.
Le vent disperse ma voix.
Mes mots ne vont pas là où je veux.

Les mots se perdent dans les vagues.
 


Sans Abuelo Petite
Cécile Guivarch
Les Carnets du Dessert de Lune, 2017
ISBN 978-2-930607-97-9
12,00 €

"Tu es parti avec la malle faite à la hâte". Dès la première ligne, le ton est donné. Il sera question d’exil, d’absence. L’absence du grand-père (Abuelo, en espagnol) parti à Cuba. Mais c’est aussi une histoire de transmission à travers l’oreille d’une Petite fille, l’auteure, qui ne perd pas un mot de ce que raconte sa mère : une famille d’origine espagnole qui se retrouve en France. Mélange des lieux, mélange des mots, mélange des langues que l’on retrouve dans le livre où l’auteure utilise français et espagnol, notamment pour s’adresser à son grand-père absent ou le faire parler.
Il y a sans cesse un jeu entre ici et là-bas. Ici et là-bas étaient dans un bateau. Qu’arrive-t-il ? "Comment savoir ce qui nous poursuit / et pèse autant".
Dans un précédent ouvrage ("S’il existe des fleurs", Éditions L’Arbre à paroles, 2015) Cécile Guivarch nous disait déjà : "de nos yeux nous ne pouvons voir / tout ce que le vent emporte avec lui / seul le cœur pourrait encore souffler / ce qu’il manque aux hommes". 
"L’histoire continue de battre"
, comme les cœurs. L’absence, le manque exacerbent les sentiments.
"Le corps se courbe / sous le poids de la valise / quelque chose d’aussi lourd / le cœur au fond".

Robert Froger