Traversée du parc Ritan
Article mis en ligne le 1er septembre 2019
dernière modification le 17 juin 2019

par Michel Foucault

 

Il y avait foule, mais non, puisqu’il n’y avait rien d’autre. Il y avait cela par où il fallait passer chaque jour. Et sitôt dehors, subjugué, on croisait ceux qui se précipitaient, y entraient, s’y mêlaient. Une telle foule en procession, avec sa chaleur odorante et toutes ses voix mêlées qui s’élevaient au dessus d’elle. Il fallait se rejoindre, se rapprocher, se frôler, se toucher, il fallait subir.
 

Traversée du parc Ritan
Marc Fontana
Peintures de Li Chevalier
Éditions : Au pont 9, 2018
ISBN : 9791096310227
Prix France : 15 €


Cette « Traversée du parc Ritan » donne à partager les impressions d’un étranger (Marc Fontana a vécu en Chine de 2009 à 2013) confronté au gigantisme d’un territoire où l’on devine une activité intense et bruyante. « C’est intense, ça n’arrête pas. On ne pourrait énumérer, on ne pourrait dénombrer. On croise des visages, sur le pas d’une porte, dans les boutiques. Ils vaquent, ils observent. Et les voix. Et les enfants qui brillent dans la pulpe des regards ».

Le poète voyageur s’arrête dans les couloirs d’une station de métro, une rue, un quartier de Canton, un parc paisible de Pékin (le parc Ritan qui donne son nom au titre de l’ouvrage) pour interroger la foule : les gestes, les visages, la langue. Le rythme souvent haletant évoque le flot d’images et de sensations qui submerge le poète et traduit avec bonheur son étourdissement devant le trop plein de la ville.

Cette déambulation est aussi l’occasion de belles rencontres en particulier avec la plasticienne Li Chevalier. L’ouvrage se termine par cinq poèmes qui lui sont dédiés où les mots du poète dialoguent avec ses peintures.


Michel Foucault