par Robert Froger
Une nuit, je ne rentre pas. |
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La mémoire des eaux
Benoit Schwartz
Éditions Corps Puce, 2019
Collection Liberté sur Parole, volume 59
et Cent papiers, volume 12
ISBN 978-2-35281-124-4
9,00 €
Dire que le texte de Benoit Schwartz est fort, poignant, serait d’une banalité affligeante. Ce texte, destiné à être dit en public, nous enveloppe et nous pénètre par tous les pores de la peau. Nous accompagnons, nous devenons cet exilé traversant la Méditerranée tout en sachant que nous sommes du bon côté de la mer. Nous partageons les affaires personnelles laissées au bord du chemin et qui "sont la trace des derniers pas, la mémoire abandonnée". Nous sommes celui qui part, qui "n’achète rien. Que de l’espoir, que de l’exil". Nous affrontons le passeur :"La peur, l’espoir, il me laisse tout. Il ne prend que l’argent. Il empoche".
Le récit de la traversée doit se lire ou être entendu. Il ne faut pas le raconter. Les images, les impressions sont terribles mais on doit les affronter, les yeux et le cœur ouverts.
Sur l’autre rive, il faut peut-être croire en un ailleurs meilleur, croire en son prochain, croire en sa propre force, croire en la vie : "Pourtant la nuit, je vois des lucioles. Elles s’assemblent, elles éclairent la route. La seule possible. La seule..."
Le souffle de l’écriture poétique de Benoit Schwartz complète ou remplace avantageusement les images trop banalisées des journaux télévisés sur les migrants.
Robert Froger