Vers l’outre mer
Article mis en ligne le 1er février 2021
dernière modification le 24 janvier 2021

par Robert Froger

Sous mes pieds, craquements de bogues. Les marronniers sentent l’automne. Parfums de rouille et de glaise qui alourdissent le vent. En contrebas le bleu rugueux de l’océan. Deux cormorans, ailes ouvertes, étendent leurs linges de deuil. Ils cherchent la lumière chaude qui déjà déserte. Je les regarde tourner légèrement sur eux-mêmes pour une supplique ; une prière au soleil blanc de septembre. Soudain je me demande si comme moi, ils ont peur de la nuit qui vient.

Vers l’outre mer
Jacques Boise
Illustrations Claude Jacquesson
Collection Les Plaquettes
 À L’INDEX, 2020
ISSN 1620-3887
12,00 €

"Vers l’outre mer" nous propose une succession de courts paragraphes, de taille identique, qui sont comme les battements calmes et réguliers du balancier d’une horloge laissant passer le temps et permettant d’observer mille choses, de sentir mille parfums, d’éprouver mille sentiments.
Jacques Boise est un voyageur qui sait aussi être un voyageur immobile. Il s’évade et nous évade. "Ici l’immobilité n’est pas une fin, juste un approfondissement du monde".
Il nous invite à "marcher dans l’outre mer, par-delà les vagues" ce qui équivaut peut-être aussi à marcher dans l’outre temps et dépasser ainsi les frontières terrestres et temporelles, tout en s’interrogeant sur le monde environnant, en voyageant au pays de l’enfance. "Je suis empli de mon passé".
Huit dessins de Claude Jacquesson ajoutent leur calme et leur sérénité à ce recueil.
On est heureux de vivre ces instants avec l’auteur que l’on a envie de remercier, à chaque page, pour tant de générosité dans le partage.
"Parfois il m’arrive de me perdre. De cheminer au-delà de mon pas".
Jacques Boise est un voyageur au long cours... du temps.

Robert Froger