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Jennifer Foester fait partie de la jeune génération de poètes Indiens d’Amérique dont la voix surprend, secoue, enchante, nourrit. Que ce soit Sherwin Betsui, Erika Wurth, Layli long Soldier, pour n’en citer que trois autres, on pénètre avec eux dans un univers mental et une réalité qui élargit nos perceptions aussi bien que notre compréhension du monde et de ses phénomènes. Elle poursuit ainsi la voie tracée par les générations précédentes avec des auteurs comme Gerald Vizenor, Louise Erdrich, Leslie Silko ou encore Norman Scott Momaday, dont on a relevé soit le réalisme magique soit le réalisme mythique. Le naturel et le surnaturel sont intimement liés mais jamais ne tombent dans le fantastique, ont toujours à voir avec une interprétation ouverte sur le spirituel du monde et l’imaginaire mythologique propre à ces cultures Indiennes d’Amérique du nord. Jennifer a obtenu un master d’écriture créative à l’université des beaux-arts du Vermont et sa licence à l’institut des arts amérindiens de Santa Fe, état du Nouveau Mexique. Elle a obtenu des bourses afin de suivre des programmes d’écriture créatives à l’institut Naropa, à Dorland Mountain Arts Colony, au Vermont Studio Center, ainsi qu’à l’université de Stanford. Publiés dans les magazines de poésie ses poèmes sont également présents dans des anthologies dont Poetry from the Indigenous Americas. |
Son premier livre intitulé Leaving Tulsa a été édité par University of Arizona Press ce qui déjà en soi est la marque d’une reconnaissance. Ce livre semble avoir été écrit dans un état de perpétuel rêve éveillé, une sorte de transe due à des milliers de kilomètres parcourus sur les routes. Ayant des origines Hollandaises et Allemandes elle est avant tout membre de la nation Muscogee (encore appelée Creek) de l’état d’Oklahoma. Fille d’un diplomate, Jennifer a grandi dans divers pays mais elle a passé tous ses étés à Jenks, en Oklahoma, avec ses grands-parents Indiens. Elle vit maintenant à San Francisco où elle est écrivain free-lance et conseillère pour les associations (afin d’obtenir des subventions). Sa poésie explore son double héritage culturel dans une société américaine qu’elle critique. Ses poèmes ont une tonalité bien à elle, il s’agit bien souvent de poèmes-paysages capturés sur la route empruntée pour visiter l’histoire et revenir à ses racines, à l’identité Indienne. Identité qu’il faut, pour certains, reconstituer à partir de bribes de récits, au sein d’un peuple presque brisé qui survit, résiste et regagne en dignité, en espoir, en valeurs propres à sa culture malgré la société blanche et les courants occidentaux majoritaires aux Etats-Unis. Voici deux poèmes tirés de Leaving Tulsa qui sont reproduits avec l’aimable permission des éditions University of Arizona Press. |
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Fugue
I was born in a blizzard
When I tied stones, like bells, to my ankles Fugue
Je suis née dans un blizzard
Quand j’attachais les os, en guise de cloches, à mes chevilles |
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Tracing Magdalena1.
In the distance, a forest.
Stitching on canvas
How fast the twilight
Standing now in half-light
Sur les traces de Magdalena1.
Au loin, une forêt.
Broder sur la toile 2.
Comme le crépuscule |