Diane Glancy
Article mis en ligne le 14 avril 2014

par Alain BOUDET

Diane Glancy est née en 1941, à Kansas city dans le Missouri d’un père Cherokee et d’une mère de descendance Anglo-Allemande. Elle a été longtemps une artiste en résidence pour le STATE ARTS COUNCIL d’Oklahoma. Plusieurs de ses livres relatent cette expérience. Aujourd’hui elle enseigne au Macalester College de St-Paul dans le Minnesota, où elle est professeur dans le département d’Anglais, elle enseigne la poésie, l’écriture et la création tant dans le domaine de la fiction que dans celui des scripts ou du théâtre, elle donne des cours et anime des séminaires de littérature Indienne.

Elle a reçu de nombreuses récompenses, prix et distinctions pour ses écrits poétiques comme pour ses récits de fiction ou ses écrits théâtraux.

Ecoutons-là ...

" Je suis venue à l’écriture de poésie parce que les voix de mes ancêtres me manquaient. Je suis née entre deux cultures, Européenne et Indienne. Mon père avait quitté son environnement Cherokee et les siens pour trouver du travail pendant la dépression des années trente. Il s’est marié à une femme de descendance Anglaise et Allemande. Il disait que nous devions vivre dans ce monde, en cela il signifiait que nous ne devions pas regarder en arrière mais aller de l’avant. Je n’ai pas été élevée auprès de ma famille Cherokee, et je me suis mise à écrire pour remplir les cases vides de cet héritage, cases où la connaissance de la culture Cherokee aurait du se tenir.


A mes débuts, il y a à peu près vingt cinq ans, personne ne s’intéressait aux auteurs Indiens. Puis, quand le multi-culturalisme fût promu aux U.S.A, les seules voix Indiennes que recherchaient les éditeurs, étaient celles parlant des Plaines, les chasseurs nomades des bisons, les tipees et les coiffes de plumes. Les Cherokee étaient des fermiers cultivant le maïs. Ils élevaient des animaux domestiques : vaches et cochons. Je n’avais jamais vu à l’époque de tipee ou de bison. Les parents de mon père vivaient dans des huttes. Le maïs était l’aliment de base, pas le bison. Ce fut donc plus tard qu’une place fut faite à mes ouvrages. Mais pas avant que les éditeurs ne réalisent que les types de cultures Indiennes étaient différentes entre elles, et qu’il existait de nombreuses tribus. Alors je pus enfin trouver les voix perdues de mon héritage Indien, ce qui me permit d’abandonner l’imaginaire stéréotypé de mes écrits.

Mes paysages sont les prairies d’Oklahoma : les grandes étendues d’herbe haute. J’aime aussi beaucoup la route à perte de vue, dans la campagne, ce parce que je voyage souvent sur le couloir central, l’axe nord-sud qui traverse les U.S.A. Je vis dans le Minnesota depuis maintenant dix sept ans parce que j’enseigne dans une université de cet état. Je retourne souvent à Kansas-city, où mon père s’est installé pour travailler il y a si longtemps. C’est là qu’il est enterré, mes deux parents y sont enterrés. Le langage écrit est apparu tard pour les Indiens d’Amérique, mais c’est le véhicule que j’utilise pour tracer mon chemin."
" Mon dernier livre ( 2004 éditions SALT PUBLISHING ) est dédié à la poésie et à l’idée de "ville champignon", car celle-ci recèle toute une collection de poèmes. Je viens d’Oklahoma où ces villes surgissaient soudain en une nuit. C’était l’époque de la course pour posséder une terre, puis ensuite l’époque de la ruée vers l’or noir. Ce livre est également dédié à la terre, au couloir central de l’Amérique où j’ai vécu, traversé du sud au nord, et où l’image des villes champignons devient celle des cabanes de pêcheurs, ces abris construits sur la glace d’un lac du Minnesota. Dans le froid, poussent petites villes champignons du souffle, l’haleine, qui recouvre la signification profonde dans les cultures Indiennes du mot poème."

Diane Glancy

Primer of the obsolete

Jut a word into the silence
hardly anyone notices
the corner room
a blue piece of wall
the sausage on a plate
as if looking for an airport.

It was not the same sound running over us
heard until we could not think.

My wife (meal maker for me) ) a-g(w’)-s-ta’-yu-hv-s-gi’
cornbread maïs a-l(i)s-ta-i-di
sweet potatoes se’lu ga’-du
pumpkin pie nu :-n(a) a-ni’nv-hi’d(a).

It was a wave sort.

A nothing at the rim.

Something at the core.

A switch from being watched.

Amorce de désuétude

Avancez un mot dans le silence
violemment tout le monde remarque
le coin de la pièce
un pan de mur bleu
la sauce sur une assiette
comme si elle cherchait un aéroport.

Nous n’entendions pas le même son autour de nous
en attendant que nous ne puissions plus penser.

Ma femme (prépare le repas pour moi) a-g(w’)-s-ta’-yu-hv-s-gi’
farine de maïs a-l(i)s-ta-i-di
patates douces se’lu ga’-du
tarte à la courge nu :-n(a) a-ni’nv-hi’d(a).

C’était une sorte de vague.

Rien au bord.

Quelque chose au centre.

Un changement d’où être regardé.

   

The Great Spirit’s Wife

He led the way up a great ladder of small clouds, and we followed him up through an opening in the sky. He whom we followed took us to the Great Spirit and his wife, and…. I saw they were dressesd like Indians. Then he whom we followed showed us his hands and feet, and there were wounds in them which had been made by the whites when he went to them and they crucified him.

Kicking Bear in a speech
to a council of Sioux, 1890
from Indian Oratory
compiled by W.C. Vanderwerth
University of Oklahoma Press, 1989

 
She must be small
her ears made of spools
unwound from the thread
that flies through the sky like tapeworms
you know over the sundance ground
you saw white threads heading west
the hot afternoon you lay on the ground
in the shadow of the tent
looking skyward for the Great Spirit’s wife
maybe she’d stop peeling potatoes long enough
to took down and spit on you
her mouth so pure and cool it would be like rain.

La femme du Grand Esprit


Il ouvrit la voie sur une grande échelle faite de petits nuages, et nous le suivîmes dans cette trouée du ciel. Celui que nous suivions nous mena auprès du Grand Esprit et de sa femme, et …. Je vis qu’ils étaient vêtus comme des Indiens. Puis celui que nous avions suivi nous montra ses mains et ses pieds, ils portaient des blessures que les Blancs lui avaient infligées quand il se présenta à eux et qu’ils le crucifièrent.

Kicking Bear ( Ours Qui Frappe ) dans un discours
au conseil des Sioux de 1890
Tiré de Indian Oratory
anthologie de W.C. Wanderwerth
Editions de l’Université d’Oklahoma, 1989


Elle devait être petite
des bobines pour oreilles
le fil que les mouches à travers le ciel
constituent un peu comme des ténias
ne les ayant pas blessées
vous voyiez ces fils blancs tournés vers l’ouest
au dessus de l’aire de la danse du soleil
lors ce cette chaude après-midi étendus sur le sol
à l’ombre de la tente
scrutant le ciel pour voir la femme du Grand Esprit
peut-être s’était-elle arrêtée de peler les pommes de terre
pour regarder en bas et cracher sur vous
sa bouche si pure et si fraîche que c’était pareil à la pluie.

Crows

There were three crows in the morning grass wiping the underside of their wings with dew. The back of their heads like Indian hair, their shoulders holding out their feathers. You think at first they’re three dark spirits transformed by the wetness of light after their nightshift. They’re cleaning the coal dust and soot from their wings still black at dawn. they wipe their bodies with their own tongues. They lick the fire out.

Crows

Il y avait trois corbeaux sur l’herbe matinale qui se frottaient le dessous des ailes avec de la rosée. L’arrière de leur tête est pareil aux cheveux des Indiens, les plumes de leurs épaules bien tendues. A première vue vous pensez à trois esprits sombres métamorphosés par l’humidité de la lumière après leur périple nocturne. Ils débarrassent leurs ailes, toujours noires à l’aube, de la poussière charbonneuse et de la suie . Ils se nettoient le corps de leur propre langue. Ils lèchent le feu qui sourd

Traductions et commentaires de Béatrice Machet