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" Je suis une métis. Mon père est d’ascendance Esselen et Chumash (Santa Barbara, Monterey, Santa Ynez, Californie). Ma mère a des ascendances Française et juive .Mon expérience des tribus apparaît avec l’histoire des missions et l’histoire des Indiens de la côte ouest du sud de la Californie, se poursuit avec le ressort et la résistance de ces peuples et leur résurgence viviviante, réjouissante. Je suis née à L’hôpital de UCLA, j’ai grandi jusqu’à l’âge de cinq ans à Los Angeles, puis ma mère a déménagé pour l’état de Washington. Mon père nous y a rejoint huit ans plus tard. Tous les trois avons alors essayé de renouer et d’appliquer les modes de vie tribaux jamais oubliés, jamais perdus. Ma mère a fait des recherches généalogiques, mon père avait de très nombreux et très riches souvenirs de son enfance car la précédente génération avait fait l’expérience physique d’une cohésion tribale intacte. Mon goût prononcé de raconter, d’écrire, a fait le reste car nous avons ainsi pu réunir, recomposer des familles perdues de vue depuis longtemps, et des membres de la tribu Esselen vont ainsi pouvoir obtenir un statut reconnu. Je suis fière d’avoir contribué à cet effort." |
" Je ressens que ma vie reflète l’histoire de mes tribus et ce de plusieurs façons. Elle a débuté en beauté, relativisée par les bouleversements familiaux, puis s’est lentement reconstruite par le biais des réseaux de relations qui rendent le monde habitable et permette sa célébration. J’ai deux enfants : Miranda et Danny. Je suis reconnaissante à Margo Solod, poète, cuisinière etc, de partager ma vie. J’ai obtenu mon doctorat en Anglais en 2001, à l’âge de quarante ans, et je suis en ce moment professeur assistant à l’université de Tacoma(Washington) où j’enseigne l’Anglais, l’écriture de création, les littératures Indiennes.
Je n’ai pas beaucoup écrit de poésie, mais depuis mon plus jeune âge je me sens auteur. Je n’avais jamais entendu parlé, lu ou vu d’auteur Indien avant les années 70, je n’en étais pas informée et cela a pesé sur ma décision. Mais au lieu de me lancer rapidement, je me suis d’abord mariée, ai donné naissance à deux enfants. Ces naissances ont ouvert quelque chose en moi, élever des enfants ce fut comme faire face à des voix, à des mémoires que je portais dans mon propre sang, et cela eut un impact définitif en 1991. Finalement j’ai commencé à écrire de la poésie, encouragée par un groupe de poètes et de performeurs. Les peuples de la terre, et la terre elle-même sont proches de moi quand j’écris. En tant que métis, qui aime ses deux héritages familiaux, je ne veux pas m’engager dans une voie ni du mépris des races, ni de la haine de soi. Pour s’aimer les Indiens ont besoin d’aimer leur indianité, et pour aimer la terre, en tant qu’êtres humains, nous devons aussi aimer la vie, les forces du désir qui nous maintiennent en vie, nous sommes tous des indigènes par rapport à un territoire, ceci est le savoir que je veux promouvoir, et dont j’ai eu à payer le prix fort pour qu’il soit entendu. Nous sommes tous des indigènes au regard d’un territoire, tous. Ecrire est une façon d’exprimer ce savoir, un moyen de communiquer cela, Ma voix en écriture est la meilleure manière pour moi de rendre hommage, d’honorer, la monde, la planète, qui est vraiment notre mère. " |
A ceremony for crying 1 Invocation
Cry for hunger that feeds on betrayal,
Cry for fear whose belly brings forth
Cry for grief lost chances, missing
Cry for long knives of séparation
Cry for burdens clinging like
Cry for love like wind,
Cry for empty hands moving to
Cry for escape without homeland,
Cry for hatred worshipped,
Cry for ceremonies with no |
Une cérémonie des pleurs 1 Invocation
Pleurez pour la faim qui alimente la trahison,
Pleurez pour la peur dont le ventre accouche
Pleurez pour les occasions perdues, elles font défaut
Pleurez pour les longs couteaux dégainés
Pleurez pour les impitoyables fardeaux
Pleurez pour l’amour qui
Pleurez pour les mains vides se dirigeant
Pleurez pour la fuite apatride,
Pleurez pour la haine qu’on vénéra,
Pleurez pour les cérémonies dont |
2 Naming
Cries like music that cannot be heard
Cries like poison hidden
Cries like criminals, their open hands
Cries like bats rising from caves
Cries like trapped pheasants
Cries like late snow
Cries like sounds never voiced,
Cries like pain strectching
Cries like mission doors
Cries like the fierce heart |
2 . Nommer
Des pleurs comme une musique inaudible
Des pleurs comme du poison dissimulé Des pleurs comme ceux des criminels, leurs déviantes mains ouvertes inacceptables.
Des pleurs comme des chauves souris
Des pleurs comme des faisans traqués
Des pleurs comme une neige tardive
Des pleurs comme des sons jamais proférés :
Des pleurs comme la douleur s’étirant
Des pleurs comme les portes d’une mission
Des pleurs comme le cœur ardent de la terre |
3 Blessing
Cry for birthing, how power enters
Cry for astonishment, given to us
Cry for silence, the silhouette
Cry for trust, a yellow flower
Cry for remembrance, like bones
Cry for understanding, a sound
Cry for reunion, the way miracles come
Cry for desire, the path to the center
Cry for wholeness, a dream within
Cry for strenght, how it spirals
Cry fot faith, a sacred plant |
3 Bénédiction
Pleurez pour la naissance, pour la façon dont le pouvoir entre
Pleurez pour l’étonnement qui nous est donné
Pleurez pour le silence, la silhouette
Pleurez pour la confiance, telle une fleur jaune
Pleurez pour la mémoire pareille à des os dans la terre la plus douce
Pleurez pour la compréhension, identique au son
Pleurez pour les retrouvailles, la façon dont les miracles même
Pleurez pour le désir, le passage vers le centre
Pleurez pour la plénitude , un rêve à l’intérieur d’un rêve
Pleurez pour la force, comment elle monte en spirale
Pleurez pour la foi, telle une plante sacrée |
Traductions et commentaires de Béatrice Machet